La décision prise par le Directeur départemental de la Sécurité publique de l’Essonne de mettre à la disposition des citoyens une boîte aux lettres électronique pour signaler à la police, en toute discrétion, certains faits de délinquance, fait couler beaucoup d’encre.
Député-maire dans ce département, j’ai apporté tout mon soutien à cette initiative car je connais bien le défi permanent que représentent certaines incivilités ou infractions (rodéos, occupation de halls d’immeubles, etc.) pour les habitants qui y sont confrontés. Croyez-moi, lorsque vous êtes régulièrement en butte à ce genre de phénomènes, c’est bien légitimement que vous réclamez que tout soit fait pour qu’il y soit mis efficacement un terme.
C’est en tout cas ainsi que je conçois mon rôle d’élu, au côté et au service de mes concitoyens, notamment des plus fragiles. C’est pourquoi je ne me reconnais pas dans les cris d’orfraie poussés par certains élus essonniens, plus prompts à défendre de grands et lointains principes qu’à se soucier de la tranquillité publique.
Néanmoins, cela va de soi, une telle innovation nécessite des modalités de mise en œuvre adaptées aux contraintes des services de police, aux questions desquelles il faudra savoir apporter les bonnes réponses.
Les syndicats de policiers sont partagés sur l’opportunité de cette mesure, beaucoup d’entre eux lui apportant leur soutien, d’autres exprimant des doutes sur le sentiment qu’elle pourrait provoquer parmi la population si elle apparaissait comme de la délation.
Comme pour le « témoignage anonyme » que je soutiens, il faut rappeler que cette possibilité discrète de signalement n’est pas illimitée, la dénonciation calomnieuse étant punie par la loi.
Dès lors, offrir enfin la possibilité à de paisibles habitants, que la peur de représailles empêche trop souvent de se plaindre aux autorités, de signaler efficacement des incivilités récurrentes, ne peut être qu’une innovation positive au bénéfice de tous, à l’exception bien sûr des fauteurs de troubles.
Jusqu’à présent, on avait trop l’habitude de voir les honnêtes gens trembler… Pourquoi donc faudrait-il s’offusquer que la peur change enfin de camp ?
NDA